Le réseau routier
La qualité de revêtement des voies, le tracé en plan et en élévation des routes, et la signalisation sont de bon niveau partout en Norvège. Même si la configuration géographique du pays ne facilite pas la tâche aux services de l’équipement, les routes sont généralement très agréables à utiliser, les éventuelles rares zones de danger sont clairement identifiées, souvent même sur-sécurisées par rapport au danger réel. La qualité de roulement est appréciable quand on accumule des milliers de kilomètres avec un véhicule qui est loin du confort d’une limousine de luxe. Seules quelques routes secondaires anciennes et mal entretenues mériteraient quelque attention supplémentaire. La particularité géographique de la Norvège, en tous cas dans la zone côtière, c’est l’imbrication étroite de la mer et de la haute montagne qui plonge directement dans les flots. Pour le réseau routier, cela se traduit par une grande quantité de tunnels pour traverser les massifs montagneux, de ponts pour traverser les bras de mer, et de bacs et ferries quand la configuration ou la rentabilité financière ne permettent pas la construction de pont. Certain de ces ouvrages d’art de taille impressionnante feraient passer notre Pont de Normandie pour une passerelle anodine. De nouveaux édifices supplémentaires sont en chantier à travers tout le pays pour améliorer les liaisons routières et ferroviaires et raccourcir les temps de trajet. Pas de commentaires sur les ponts, si ce n’est qu’ils semblent généralement surdimensionnés par la hauteur de passage libre qu’ils laissent sur l’eau, bien supérieure au tirant d’air des bateaux susceptibles de passer dessous. Pour ce qui concerne les tunnels, par contre, plusieurs points sont à évoquer.
Les tunnels sont nombreux et possèdent quelques caractéristiques propres :
- Ils sont non tubés, c’est-à-dire taillés directement dans la roche quand elle est suffisamment dure et cohésive. La paroi est souvent simplement revêtue d’un ciment projeté, mais la surface et parfois laissée brute de taille,
- Ils ne sont pas étanches (car non tubés) à l’eau de ruissellement abondante qui sourd de la roche en permanence. Pour éviter une pluie sur la route, on trouve parfois des feuilles de plastique plaquées sur les parois destinées à guider l’eau sur les côtés de la chaussée. On se trouve parfois dans la situation d’une route sèche et chaude à l’extérieur et d’une chaussée froide et détrempée à l’intérieur, ce qui est plutôt déroutant…
- Ils sont toujours à double sens de circulation, sans séparation physique des voies,
- Ils sont souvent pentus (même hors des cas de passage sous un bras de mer),
- Ils sont souvent sinueux (on y trouve même parfois des ronds-points, comme sous la ville de Tromso),
- Ils peuvent être très longs, très souvent plus de 3 kilomètres, couramment jusqu’à dix kilomètres, et même jusqu’à 24,5 Km !
- Ils ne font pas l’objet d’une limitation spécifique de la vitesse, sauf cas très particuliers. On y voit des véhicules effectuer des dépassements alors que le flot circule déjà à plus de 80 Km/H,
- Ils sont très parcimonieusement éclairés, voire laissés parfois complètement dans l’obscurité,
- Ils sont très chichement, voire pas du tout, équipés de dispositifs de sécurité. Au mieux, on trouve un poste d’appel de secours de temps en temps, mais pas de sortie de secours piétons (ce qui peut se comprendre quand le massif rocheux est de grande hauteur au-dessus du tunnel), de très rares endroits prévus pour le stationnement d’urgence en cas de panne, d’encore plus rares endroits de stockage d’un ou deux véhicules pouvant servir également à effectuer un demi-tour pour un poids-lourd, pas de locaux de confinement des piétons en cas d’incendie, encore moins de tube d’accès dédié à l’acheminement des secours.
Ces caractéristiques sont parfois cumulées et dans ce cas extrême, le parcours d’un tel tunnel tient plus du train-fantôme à la Foire du Trône que d’un déplacement serein et confortable.
Il faut tout de même préciser que le niveau d’exigence semble avoir sérieusement évolué, et les tunnels les plus récents atteignent désormais les standards habituels. Néanmoins, de nombreux ouvrages restent encore "dans leur jus" et procurent cette impression parfois troublante quand il faut s’engager à l’intérieur de tels boyaux.
